La méthode Agile : une clef pour concilier évolution technologique et collaboration des équipes ?
Le vendredi 21 avril fut une journée mondiale placée sous le signe de la créativité et de l’innovation. La première est définie par le Larousse comme une faculté d’invention et d’imagination. L’innovation quant à elle correspond à l’action d’innover et au résultat de cette action. Souvent synonyme de changement et de nouveauté, l’innovation est à la fois créatrice et destructrice.
Créatrice de nouveaux outils et services, de nouvelles perspectives et idées, elle ouvre de nombreux champs des possibles qui rendent parfois obsolètes nos habitudes les plus tenaces. L’exemple le plus frappant de ce cycle de création / destruction est celui de la technologie, qui redessine notre rapport au monde et aux autres à mesure que nous l’intégrons dans nos quotidiens.
« Ce n’est pas la technique qui est toxique en soi, c’est notre incapacité à la socialiser correctement. » – Bernard Stiegler
Pour le philosophe et penseur des techniques Bernard Stiegler, la technologie est au centre d’un processus de disruption continue impliquée par une innovation rapide, effrénée, et une intégration dans nos modes de fonctionnement qui, elle, demande du temps et de la réflexion. Ce temps de la réflexion est d’autant plus important dans le monde de l’entreprise, qui voit souvent ses processus et son organisation profondément bousculés par la tech’.
L’apport potentiel de nouveaux outils et logiciels peut se transformer en un alourdissement constant des tâches, jusqu’à aller parfois vers une nouvelle forme de travail à la chaîne. Le monde de la formation professionnelle n’est pas épargné par ce phénomène. Se pose alors la question de savoir comment s’adapter à la nouvelle forme de travail qui en émerge. Comment favoriser l’émancipation des équipes et des salariés dans ce contexte ? Un élément de réponse nous vient des développeurs, qui ont élaboré une méthode de travail et de gestion de projet favorisant l’autonomie, la réactivité et la créativité dans un environnement de travail de plus en plus volatile, incertain, complexe et ambigu (VUCA).
Cette méthode, la méthode Agile, est basée sur 4 valeurs fondamentales : l’individu et les interactions sociales, le travail fonctionnel, la collaboration entre les équipes et salariés intégrés au projet et la réponse au changement. Elle met l’accent sur la communication continue, l’auto-organisation et la mixité des équipes, ainsi que la flexibilité en matière de planification.
Elle favorise un management transversal, qui vient se juxtaposer à l’organisation hiérarchique existante, et qui consiste à mobiliser la force de salariés aux compétences différentes dans le cadre d’une mission ponctuelle donnée. L’avantage de la méthode Agile est qu’elle permet de s’adapter plus facilement aux changements et de répondre aux obstacles de manière proactive. Elle favorise une meilleure visibilité des « bugs » dans la chaîne de déploiement du projet et mobilise l’intelligence collective pour y répondre. En effet, la constitution de ces équipes « projet » transverses et ponctuelles peut se faire en incluant des salariés de services différents et éloignés, mais dont les habitudes, compétences et missions sont complémentaires.
La méthode Agile se construit sur des cycles de travail courts et répétitifs (2 à 3 semaines) qui permettent une évolution graduelle et une adaptation progressive aux aléas qui peuvent impacter le projet, le tout dans un but d’amélioration continue des processus et des résultats. Cette méthode s’applique à tout type de projet, et fonctionne de la façon suivante :
- Organisation du backlog: liste maîtresse et évolutive du travail à effectuer, le backlog identifie et consigne dans le détail tous les éléments et tâches du projet. Le backlog peut être souvent mis à jour en fonction des nouvelles informations de l’équipe ou de toute partie prenante au projet.
- Planification du sprint: de 2 à 3 semaines, le sprint mobilise l’ensemble de l’équipe autour d’objectifs clairs auxquels correspondent une répartition des premières tâches de l’ensemble du projet à réaliser.
- Réunions quotidiennes : d’une durée de 15 minutes, ces réunions quotidiennes permettent de suivre l’avancée du sprint et de traiter rapidement les problèmes rencontrés par les membres de l’équipe.
- Analyse du sprint : à la fin du sprint, une réunion d’analyse est prévue pour passer en revue le travail accompli, les éléments à améliorer, les processus et stratégies pertinentes et celles à revoir, etc. Toujours dans un but d’améliorer la coopération des équipes.
- Incrément, service ou produit partiel: résultat obtenu à l’issue du sprint (service, produit, amélioration, résolution de problème, etc) et définition du sprint suivant si besoin.
Quels sont donc les avantages de la méthode Agile pour faire face à l’alourdissement et à la fragmentation des tâches liées à la multiplication des plateformes et logiciels ? 3 avantages en ressortent. Une meilleure flexibilité, collaboration et entraide dans la mobilisation des équipes et salariés, qui peuvent parfois se sentir démunis face à l’afflux de nouveaux outils. Plus de transparence dans le déploiement des projets et une meilleure remontée des problèmes, tout au long des sprints. Une gestion des risques plus efficace, par la mise en lumière continue des points d’évolution nécessaires et une réponse rapide à ces évolutions.
En somme, en favorisant la mise en lien de salariés de services différents dont les compétences se complètent pour mener à bien un projet ou un sprint, la méthode Agile remet de la collaboration et de la communication inter-équipes où les écrans cloisonnent parfois. Elle renforce la mobilisation des salariés par la définition d’objectifs communs à court terme. Enfin elle attise l’intelligence collective face aux problèmes rencontrés et aux évolutions nécessaires pour la réussite du projet. Si la méthode Agile ne saurait être une réponse parfaite aux bouleversements qu’implique l’innovation technologique, elle permet a minima de pallier les difficultés de l’intégration de ces nouveaux outils dans les mentalités et habitudes.
Pauline Negri, assistante commerciale